À la suite des propos de Patrick Devedjian, président UMP du conseil général des Hauts-de-Seine sur Talk Orange-Le Figaro le 4 février, critiquant la gestion de Levallois-Perret, dont Patrick Balkany est maire, ce dernier répliquait avec son sens des nuances sur le JDD : « Je n’ai pas envie de polémiquer avec l’homme du passé. En plus, sur le fond, Patrick Devedjian dit des conneries. Il suffit de voir comment la ville de Levallois a été modernisée depuis que nous l’avons prise aux communistes. Nous n’avons jamais eu le moindre problème de remboursement avec qui que ce soit, les propos de Patrick Devedjian ne sont que des âneries.  »
Le magazine Challenges s’est penché un peu plus en détail sur cette gestion de Levallois-Perret. Il confirme les dires de Devedjian : nous tiendrions bien là la ville la plus endettée de France. Avec une dette par habitant atteignant 12 412€ selon le ministère du budget, la commune de Patrick Balkany présentait en 2009 un montant 6 fois plus important que les autres communes de 50 000 à 100 000 habitants qui ont le même fonctionnement sur le plan fiscal.
Isabelle Balkany, femme de Patrick et premier adjoint au maire, préfère parler d’ « emprunt  » ou de « patrimoine  » plutôt que de dette. Elle rappelle qu’une collectivité territoriale ne peut pas emprunter pour son fonctionnement mais uniquement pour ses investissements et trouve étonnant que l’ancien ministre de la Relance condamne ce type de dépenses. « On emprunte pour l’avenir  »…
Dans son rapport de mai 2009, la Chambre régionale des comptes fait l’observation que la situation de Levallois-Perret mérite une grande attention. Pour Jean-Yves Bertucci, qui préside la Chambre, si cette ville n’est pas en contrôle budgétaire comme Grigny ou Bussy-Saint-Georges, cela pourrait se produire dans l’avenir. Mais cette ville, riche, dispose encore de la possibilité d’augmenter ses impôts…
Un des outils d’évaluation de la situation financière des villes utilisé par la CRC détermine le nombre d’années nécessaires au remboursement de l’emprunt, dans les mêmes conditions de budget, si l’on arrête tout investissement. Jusqu’à 10 ans, la situation est jugée correcte, de 10 à 15 on commence à s’inquiéter, au-delà on s’inquiète beaucoup.
En 2009, Levallois-Perret a une dette de 785M€. Le ratio atteint est de 28,5 années, sensiblement de même niveau qu’en 2008. Ce chiffre mérite d’être pris avec précaution pour le président de la CRC, car s’il est acceptable sur une seule année, rester à ces niveaux plusieurs années deviendrait extrêmement préoccupant.
Pour Isabelle Balkany, apparemment le marché s’autorégule, puisqu’elle déclare : « Les banquiers et les organismes prêteurs ne sont pas philanthropes. Ils nous accordent des prêts à la hauteur de notre capacité de remboursement.  » Il est vrai que la ville emprunte pour financer des projets immobiliers (ZAC Front de Seine et ZAC Eiffel par exemple), qui sont ensuite revendus à des promoteurs. Mais il se trouve qu’un des investisseurs n’a pas tenu ses engagements…
André Balbo
sources : http://decodeurs.blog.lemonde.fr, Challenges, Talk Orange-Le Figaro, JDD