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Le handicap reste un sujet tabou

lundi 9 novembre 2009

Quelques jours avant la 13e semaine pour l’emploi de personnes handicapées qui se déroulera du 16 au 20 novembre, l’Agefiph vient de dévoiler les résultats d’une étude qui analyse la manière dont les salariés handicapés perçoivent et vivent l’entreprise.

L’étude conforte d’abord les résultats d’enquêtes déjà menées sur le sujet. Les employeurs restent très majoritairement satisfaits du travail et des compétences de leurs collaborateurs handicapés. Ils les trouvent également plus motivés et plus impliqués, ce qui peut les amener à jouer un rôle fédérateur au sein de leur équipe.

Même son de cloche du côté des salariés handicapés qui se déclarent eux aussi satisfaits de leur poste. « Il ressort que pour eux, le travail est un enjeu fondamental car il leur permet d’exister socialement comme les autres, souligne Annick Montfort, responsable de l’évaluation et la prospective à l’Agefiph. « Cette perception se traduit par un surinvestissement et une volonté farouche de faire ses preuves, avec le sentiment de devoir en faire plus que les autres afin de faire oublier son handicap.  »

Les employeurs affichent une certaine réserve

L’étude apporte aussi un éclairage nouveau sur la perception du handicap. Malgré de nombreuses campagnes de communication engagées depuis 2005, le sujet reste tabou pour l’employeur et le salarié. « Comme il relève de la sphère personnelle, les employeurs affichent une certaine réserve et avouent ne pas savoir comment aborder la question, note Annick Montfort. Côté salariés, la reconnaissance de travailleurs handicapés (RTH) reste perçue comme extrêmement stigmatisante car elle marque leur différence. « S’ils la présentent au moment de l’embauche, ils peuvent ensuite ne pas la renouveler, précise Annick Montfort. On entre alors dans une espèce de cercle vicieux du silence qui peut avoir, à terme, des conséquences préjudiciables pour le salarié handicapé. En essayant de gommer son handicap, il va inconsciemment négliger ses restrictions physiques, ne pas demander d’aménagement de son poste de travail. Ce faisant, il risque tout simplement d’aggraver son handicap.  »

Banaliser le handicap pour mieux le prendre en compte

Ce silence peut également avoir des conséquences sur l’évolution professionnelle et l’employabilité. « Considérant que le sujet relève de la sphère personnelle, l’employeur peut préférer ne pas aborder cette question avec son salarié handicapé, observe Annick Montfort. Quant au salarié, il peut refuser une évolution professionnelle par crainte de ne pas pouvoir assumer ce nouveau poste à cause du handicap.Cette incompréhension peut générer des conflits avec l’employeur ou avec les collègues de travail lorsque ceux-ci ne sont pas bien informés de la situation du salarié handicapé.  »

L’étude montre enfin que les ressources humaines doivent prendre en compte tous ces risques. D’abord en formant les managers à la question du handicap et en communiquant par l’exemple sur les aménagements de poste où des évolutions professionnelles réussies. Ensuite en abordant la question du handicap dans le cadre d’une démarche RH globale qui s’intéresse au parcours professionnel du salarié, à la gestion de ses compétences et de son employabilité. « Le dialogue émerge beaucoup plus facilement dès lors que l’on n’aborde pas de manière frontale le sujet, mais comme une donnée professionnelle parmi d’autres. Un peu comme s’il fallait banaliser le handicap pour mieux le prendre en compte. Tout se passe comme si les salariés handicapés voulaient être considérés comme les autres, mais en nous demandant de faire attention à leur différence  », conclut Annick Montfort.

source : Yves Rivoal focusrh.com